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Верлен Поль - Parallèlement


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sp;   La main droite est bien à ma droite,
   L'autre à ma gauche, je suis seul.
   Les linges dans la chambre êtroite
   Prennent des aspects de linceul,
  
   Dehors le vent hurle sans trêve,
   Le soir descend insidieux...
   Ah ! si ce sont des mains de rêve,
   Tant mieux, - ou tant pis, - ou tant mieux !
  
  
   Les morts que l'on fait saigner dans leur tombe
  
  
   Se vengent toujours.
   Ils ont leur manière, et plaignez qui tombe
  
  
   Sous leurs grands coups sourds.
   Mieux vaut n'avoir jamais connu la vie,
   Mieux vaut la mort lente d'autres suivie,
   Tant le temps est long, tant les coups sont lourds.
  
   Les vivants qu'on fait pleurer comme on saigne
  
  
   Se vengent parfois.
   Ceux-là qu'ils ont pris, qu'un chacun les plaigne,
  
  
   Pris entre leurs doigts.
   Mieux vaut un ours et les jeux de sa patte,
   Mieux vaut cent fois le chanvre et sa cravate,
   Mieux vaut l'êdredon d'Othello cent fois.
  
   Ô toi, persêcuteur, crains le vampire
  
  
   Et crains l'êtrangleur :
   Leur jour de colère apparaîtra pire
  
  
   Que toute douleur.
   Tiens ton âme prête à ce jour ultime
   Qui surprendra l'assassin comme un crime
   Et fondra sur le vol comme un voleur.
  
  
   Nouvelles variations sur le Point-du-Jour
  
   Le Point du Jour, le point blanc de Paris,
   Le seul point blanc, grâce à tant de bâtisse
   Et neuve et laide et que je t'en ratisse,
   Le Point du Jour, aurore des paris !
  
   Le bonneteau fleurit " dessur " la berge,
   La bonne tôt s'y dêprave, tant pis
   Pour elle et tant mieux pour le birbe gris
   Qui lui du moins la croit encore vierge.
  
   Il a raison le vieux, car voyez donc
   Comme est joli toujours le paysage :
   Paris au loin, triste et gai, fol et sage,
   Et le Trocadêro, ce cas, au fond,
  
   Puis la verdure et le ciel et les types
   Et la rivière obscène et molle, avec
   Des gens trop beaux, leur cigare à leur bec :
   Épatants ces metteurs-au-vent de tripes !
  
  
   Pierrot Gamin
  
   Ce n'est pas Pierrot en herbe
   Non plus que Pierrot en gerbe,
   C'est Pierrot, Pierrot, Pierrot.
   Pierrot gamin, Pierrot gosse,
   Le cerneau hors de la cosse,
   C'est Pierrot, Pierrot, Pierrot !
  
   Bien qu'un rien plus haut qu'un mètre,
   Le mignon drôle sait mettre
   Dans ses yeux l'êclair d'acier
   Qui sied au subtil gênie
   De sa malice infinie
   De poète-grimacier.
  
   Lèvres rouge-de-blessure
   Où sommeille la luxure,
   Face pâle aux rictus fins,
   Longue, très accentuêe,
   Qu'on dirait habituêe
   À contempler toutes fins,
  
   Corps fluet et non pas maigre,
   Voix de fille et non pas aigre,
   Corps d'êphèbe en tout petit,
   Voix de tête, corps en fête,
   Crêature toujours prête
   À soûler chaque appêtit.
  
   Va, frère, va, camarade,
   Fais le diable, bats l'estrade
   Dans ton rêve et sur Paris
   Et par le monde, et sois l'âme
   Vile, haute, noble, infâme
   De nos innocents esprits !
  
   Grandis, car c'est la coutume,
   Cube ta riche amertume,
   Exagère ta gaietê,
   Caricature, aurêole,
   La grimace et le symbole
   De notre simplicitê !
  
  
   Ces passions qu'eux seuls nomment encore amours
   Sont des amours aussi, tendres et furieuses,
   Avec des particularitês curieuses
   Que n'ont pas les amours certes de tous les jours.
  
   Même plus qu'elles et mieux qu'elles hêroïques,
   Elles se parent de splendeurs d'âme et de sang
   Telles qu'au prix d'elles les amours dans le rang
   Ne sont que Ris et Jeux ou besoins êrotiques,
  
   Que vains proverbes, que riens d'enfants trop gâtês,
   - " Ah ! les pauvres amours banales, animales,
   Normales ! Gros goûts lourds ou frugales fringales,
   Sans compter la sottise et des fêconditês ! "
  
   - Peuvent dire ceux-là que sacre le haut Rite,
   Ayant conquis la plênitude du plaisir,
   Et l'insatiabilitê de leur dêsir
   Bênissant la fidêlitê de leur mêrite.
  
   La plênitude ! Ils l'ont superlativement :
   Baisers repus, gorgês, mains privilêgiêes
   Dans la richesse des caresses repayêes,
   Et ce divin final anêantissement !
  
   Comme ce sont les forts et les forts, l'habitude
   De la force les rend invaincus au dêduit.
   Plantureux, savoureux, dêbordant, le dêduit !
   Je le crois bien qu'ils ont la pleine plênitude !
  
   Et pour combler leurs vœux, chacun d'eux tour à tour
   Fait l'action suprême, a la parfaite extase,
   - Tantôt la coupe ou la bouche et tantôt le vase -
   Pâmê comme la nuit, fervent comme le jour.
  
   Leurs beaux êbats sont grands et gais. Pas de ces crises :
   Vapeurs, nerfs. Non, des jeux courageux, puis d'heureux
   Bras las autour du cou, pour de moins langoureux
   Qu'êtroits sommeils à deux, tout coupês de reprises.
  
   Dormez, les amoureux ! Tandis qu'autour de vous
   Le monde inattentif aux choses dêlicates,
   Bruit ou gît en somnolences scêlêrates,
   Sans même, il est si bête ! être de vous jaloux.
  
   Et ces rêveils francs, clairs, riants, vers l'aventure
   De fiers damnês d'un plus magnifique sabbat ?
   Et salut, têmoins purs de l'âme en ce combat
   Pour l'affranchissement de la lourde nature !
  
  
   Læti et Errabundi
  
   Les courses furent intrêpides
   (Comme aujourd'hui le repos pèse !)
   Par les steamers et les rapides.
   (Que me veut cet at home obèse ?)
  
   Nous allions, - vous en souvient-il,
   Voyageur où èa disparu ? -
   Filant lêgers dans l'air subtil,
   Deux spectres joyeux, on eût cru !
  
   Car les passions satisfaites
   Insolemment outre mesure
   Mettaient dans nos têtes des fêtes
   Et dans nos sens, que tout rassure,
  
   Tout, la jeunesse, l'amitiê,
   Et nos cœurs, ah ! que dêgagês
   Des femmes prises en pitiê
   Et du dernier des prêjugês,
  
   Laissant la crainte de l'orgie
   Et le scrupule au bon ermite,
   Puisque quand la borne est franchie
   Ponsard ne veut plus de limite.
  
   Entre autres blâmables excès
   Je crois que nous bûmes de tout,
   Depuis les plus grands vins franèais
   Jusqu'à ce faro, jusqu'au stout,
  
   En passant par les eaux-de-vie
   Qu'on cite comme redoutables,
   L'âme au septième ciel ravie,
   Le corps, plus humble, sous les tables.
  
   Des paysages, des citês
   Posaient pour nos yeux jamais las ;
   Nos belles curiositês
   Eussent mangê tous les atlas.
  
   Fleuves et monts, bronzes et marbres,
   Les couchants d'or, l'aube magique,
   L'Angleterre, mère des arbres,
   Fille des beffrois, la Belgique,
  
   La mer, terrible et douce au point, -
   Brochaient sur le roman très cher
   Que ne discontinuait point
   Notre âme, - et quid de notre chair ?... -
  
   Le roman de vivre à deux hommes
   Mieux que non pas d'êpoux modèles,
   Chacun au tas versant des sommes
   De sentiments forts et fidèles.
  
   L'envie aux yeux de basilic
   Censurait ce mode d'êcot :
   Nous dînions du blâme public
   Et soupions du même fricot.
  
   La misère aussi faisait rage
   Par des fois dans le phalanstère :
   On ripostait par le courage,
   La joie et les pommes de terre.
  
   Scandaleux sans savoir pourquoi,
   (Peut-être que c'êtait trop beau)
   Mais notre couple restait coi
   Comme deux bons porte-drapeau,
  
   Coi dans l'orgueil d'être plus libres
   Que les plus libres de ce monde,
   Sourd aux gros mots de tous calibres,
   Inaccessible au rire immonde.
  
   Nous avions laissê sans êmoi
   Tous impêdiments dans Paris,
   Lui quelques sots bernês, et moi
   Certaine princesse Souris,
  
   Une sotte qui tourna pire...
   Puis soudain tomba notre gloire,
   Tels, nous, des marêchaux d'empire
   Dêchus en brigands de la Loire,
  
   Mais dêchus volontairement !
   C'êtait une permission,
   Pour parler militairement,
   Que notre sêparation,
  
   Permission sous nos semelles,
   Et depuis combien de campagnes !
   Pardonnâtes-vous aux femelles ?
   Moi j'ai peu revu ces compagnes,
  
   Assez toutefois pour souffrir.
   Ah, quel c?ur faible que mon c?ur !
   Mais mieux vaut souffrir que mourir
   Et surtout mourir de langueur.
  
   On vous dit mort, vous. Que le Diable
   Emporte avec qui la colporte
   La nouvelle irrêmêdiable
   Qui vient ainsi battre ma porte !
  
   Je n'y veux rien croire. Mort, vous,
   Toi, dieu parmi les demi-dieux !
   Ceux qui le disent sont des fous.
   Mort, mon grand pêchê radieux,
  
   Tout ce passê brûlant encore
   Dans mes veines et ma cervelle
   Et qui rayonne et qui fulgore
   Sur ma ferveur toujours nouvelle !
  
   Mort tout ce triomphe inouï
   Retentissant sans frein ni fin
   Sur l'air jamais êvanoui
   Que bat mon c?ur qui fut divin !
  
   Quoi, le miraculeux poème
   Et la toute-philosophie,
   Et ma patrie et ma bohème
   Morts ? Allons donc ! tu vis ma vie !
  
  
   Ballade de la Mauvaise Rêputation
  
   Il eut des temps quelques argents
   Et rêgla ses camarades
   D'un sexe ou deux, intelligents
   Ou charmants, ou bien les deux grades,
   Si que dans les esprits malades
   Sa bonne rêputation
   Subit que de dêgringolades !
   Lucullus ? Non. Trimalcion.
  
   Sous ses lambris, c'êtaient des chants
   Et des paroles point trop fades.
   Éros et Bacchos indulgents
   Prêsidaient à ces sêrênades
   Qu'accompagnaient des embrassades.
   Puis ch?urs et conversation
   Cessaient pour des fins peu maussades.
   Lucullus ? Non. Trimalcion.
  
   L'aube pointait et ces mêchants
   La saluaient par cent aubades
   Qui rêveillaient au loin les gens
   De bien, et par mille rasades.
   Cependant de vagues brigades
   - Zèle ou dênonciation ? -
   Verbalisaient chez des alcades.
   Lucullus ? Non. Trimalcion.
  
  
  
   Envoi
  
   Prince, ô très haut marquis de Sade,
   Un souris pour votre scion
   Fier derrière sa palissade.
   Lucullus ? Non. Trimalcion.
  
  
   Caprice
  
   Ô poète, faux pauvre et faux riche, homme vrai,
   Jusqu'en l'extêrieur riche et pauvre pas vrai,
   (Dès lors, comment veux-tu qu'on soit sûr de ton c?ur ?)
   Tour à tour souple drôle et monsieur somptueux,
   Du vert clair plein d' " espère " au noir componctueux,
   Ton habit a toujours quelque dêtail blagueur.
  
   Un bouton manque. Un fil dêpasse. D'où venue
   Cette tache - ah èa, malvenue ou bienvenue ? -
   Qui rit et pleure sur le cheviot et la toile ?
   N?ud nouê bien et mal, soulier luisant et terne.
   Bref, un type à se pendre à la Vieille Lanterne
   Comme à marcher, gai proverbe, à la belle êtoile,
  
   Gueux, mais pas comme èa, l'homme vrai, le seul vrai,
   Poète, va, si ton langage n'est pas vrai,
   Toi l'es, et ton langage, alors ! Tant pis pour ceux
   Qui n'auront pas aimê, fous comme autant de tois,
   La lune pour chauffer les sans femmes ni toits,
   La mort, ah, pour bercer les c?urs malechanceux,
  
   Pauvres c?urs mal tombês, trop bons et très fiers, certes !
   Car l'ironie êclate aux lèvres belles, certes,
   De vos blessures, c?urs plus blessês qu'une cible,
   Petits sacrês-c?urs de Jêsus plus lamentables !
   Va, poète, le seul des hommes vêritables,
   Meurs sauvê, meurs de faim pourtant le moins possible.
  
  
   Ballade Sappho
  
   Ma douce main de maîtresse et d'amant
   Passe et rit sur ta chère chair en fête,
   Rit et jouit de ton jouissement.
   Pour la servir tu sais bien qu'elle est faite,
   Et ton beau corps faut que je le dêvête
   Pour l'enivrer sans fin d'un art nouveau
   Toujours dans la caresse toujours prête.
   Je suis pareil à la grande Sappho.
  
   Laisse ma tête errant et s'abîmant
   À l'aventure, un peu farouche, en quête
   D'ombre et d'odeur et d'un travail charmant
   Vers les saveurs de ta gloire secrète.
   Laisse rôder l'âme de ton poète
   Partout par là, champ ou bois, mont ou vau,
   Comme tu veux et si je le souhaite.
   Je suis pareil à la grande Sappho.
  
   Je presse alors tout ton corps goulûment,
   Toute ta chair contre mon corps d'athlète
   Qui se bande et s'amollit par moment,
   Heureux du triomphe et de la dêfaite
   En ce conflit du c?ur et de la tête.
   Pour la stêrile êtreinte où le cerveau
   Vient faire enfin la nature complète
   Je suis pareil à la grande Sappho.
  
  
  
   Envoi
  
   Prince ou princesse, honnête ou malhonnête,
   Qui qu'en grogne et quel que soit son niveau,
   Trop su poète ou divin proxênète,
   Je suis pareil à la grande Sappho.
  
  

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  • Категория: Книги | Добавил: Armush (29.11.2012)
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