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Верлен Поль - Oeuvres complètes de Paul Verlaine, Vol. 1, Страница 7

Верлен Поль - Oeuvres complètes de Paul Verlaine, Vol. 1


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dernière heure êtant là qui surveille
   Tout autre soin dans l'homme en vêritê!
   Gardez que trop chercher ne vous sêduise
   Loin d'une sage et forte humilitê...
   Le seul savant, c'est encore Moïse.
  
   XII
  
   Or, vous voici promus, petits amis,
   Depuis les temps de ma lettre première,
   Promus, disais-je, aux fiers emplois promis
   A votre thèse, en ces jours de lumière.
   Vous voici rois de France! A votre tour!
   (Rois à plusieurs d'une France postiche,
   Mais rois de fait et non sans quelque amour
   D'un trône lourd avec un budget riche.)
   A l'oeuvre, amis petits! Nous avons droit
   De vous y voir, payant de notre poche,
   Et d'être un peu rêjouis à l'endroit
   De votre êtat sans peur et sans reproche.
   Sans peur? Du maître? O le maître, mais c'est
   L'Ignorant-chiffre et le Suffrage-nombre,
   Total, le peuple, "un âne" fort "qui s'est
   Cabrê", pour vous, espoir clair, puis fait sombre,
   Cabrê comme une chèvre, c'est le mot.
   Et votre bras, saignant jusqu'à l'aisselle,
   S'efforce en vain: fort comme Bêhêmot,
   Le monstre tire... et votre peur est telle
   Que l'âne brait, que le voilà parti
   Qui par les dents vous boute cent ruades
   En forme de reproche bien senti...
   Courez après, frottant vos reins malades!
   O Peuple, nous t'aimons immensêment:
   N'es-tu donc pas la pauvre âme ignorante
   En proie à tout ce qui sait et qui ment?
   N'es-tu donc pas l'immensitê souffrante?
   La charitê nous fait chercher tes maux,
   La foi nous guide à travers les tênèbres.
   On t'a rendu semblable aux animaux
   Moins leur candeur, et plein d'instincts funèbres,
   L'orgueil t'a pris en ce quatre-vingt-neuf,
   Nabuchodonosor, et te faire paître,
   Âne obstinê, mouton butê, dur boeuf,
   Broutant pouvoir, famille, soldat, prêtre!
   O paysan cassê sur tes sillons,
   Pâle ouvrier qu'esquintê à machine,
   Membres sacrês de Jêsus-Christ, allons,
   Relevez-vous, honorez votre êchine,
   Portez l'amour qu'il faut à vos bras forts,
   Vos pieds vaillants sont les plus beaux du monde,
   Respectez-les, fuyez ces chemins tors,
   Fermez l'oreille à ce conseil immonde,
   Redevenez les Franèais d'autrefois,
   Fils de l'Église, et dignes de vos pères!
   O s'ils savaient ceux-ci sur vos pavois,
   Leurs os sueraient de honte aux cimetières.
   -Vous, nos tyrans minuscules d'un jour
   (L'ênormitê des actes rend les princes
   Surtout de souche impure, et malgrê cour
   Et splendeur et le faste, encor plus minces),
   Laissez le règne et rentrez dans le rang.
   Aussi bien l'heure est proche où la tourmente
   Vous va donner des loisirs, et tout blanc
   L'avenir flotte avec sa fleur charmante
   Sur la Bastille absurde où vous teniez
   La France aux fers d'un blasphème et d'un schisme,
   Et la chronique en de clêments Têniers
   Dêjà vous peint allant au catêchisme.
  
   XIII
  
   Prince mort en soldat à cause de la France,
   Ame certes êlue,
   Fier jeune homme si pur tombê plein d'espêrance,
   Je t'aime et te salue!
   Ce monde est si mauvais, notre pauvre patrie
   Va sous tant de tênèbres,
   Vaisseau dêsemparê dont l'êquipage crie
   Avec des voix funèbres,
   Ce siècle est un tel ciel tragique où les naufrages
   Semblent êcrits d'avance...
   Ma jeunesse, êlevêe aux doctrines sauvages,
   Dêtesta ton enfance,
   Et plus tard, coeur pirate êpris des seules côtes
   Où la rêvolte naisse,
   Mon âge d'homme, noir d'orages et de fautes,
   Abhorrait ta jeunesse.
   Maintenant j'aime Dieu, dont l'amour et la foudre
   M'ont fait une âme neuve,
   Et maintenant que mon orgueil rêduit en poudre,
   Humble, accepte l'êpreuve.
   J'admire ton destin, j'adore, tout en larmes
   Pour les pleurs de ta mère,
   Dieu qui te fit mourir, beau prince, sous les armes,
   Comme un hêros d'Homère.
   Et je dis, rêservant d'ailleurs mon voeu suprême
   Au lis de Louis Seize:
   Napolêon qui fus digne du diadème,
   Gloire à ta mort franèaise!
   Et priez bien pour nous, pour cette France ancienne,
   Aujourd'hui vraiment "Sire",
   Dieu qui vous couronna, sur la terre païenne,
   Bon chrêtien, du martyre!
  
   XIV
  
   Vous reviendrez bientôt les bras pleins de pardons
   Selon votre coutume,
   O Pères excellents qu'aujourd'hui nous perdons
   Pour comble d'amertume.
   Vous reviendrez, vieillards exquis, avec l'honneur
   Avec sa Fleur chêrie,
   Et que de pleurs Joyeux, et quels cris de bonheur
   Dans toute la patrie!
   Vous reviendrez, après ces glorieux exils,
   Après des moissons d'âmes,
   Après avoir priê pour ceux-ci, fussent-ils
   Encore plus infâmes,
   Après avoir couvert les îles et la mer
   De votre ombre si douce
   Et rêjoui le ciel et consternê l'enfer,
   Bêni qui vous repousse,
   Bêni qui vous dêpouille au cri de libertê,
   Bêni l'impie en armes,
   Et l'enfant qu'il vous prend des bras-et rachetê
   Nos crimes par vos larmes!
   Proscrits des jours, vainqueurs des temps non point adieu
   Vous êtes l'espêrance.
   A tantôt, Pères saints, qui nous vaudrez de Dieu
   Le salut pour la France!
  
   XV
  
   On n'offense que Dieu qui seul pardonne. Mais
   On contriste son frère, on l'afflige, on le blesse,
   On fait gronder sa haine ou pleurer sa faiblesse,
   Et c'est un crime affreux qui va troubler la paix
   Des simples, et donner au monde sa pâture,
   Scandale, coeurs perdus, gros mots et rire êpais.
   Le plus souvent par un effet de la nature
   Des choses, ce pêchê trouve son châtiment
   Même ici-bas, fêroce et long communêment.
   Mais l'Amour tout-puissant donne à la crêature
   Le sens de son malheur qui mène au repentir
   Par une route lente et haute, mais très sûre.
   Alors un grand dêsir, un seul, vient investir
   Le pênitent, après les premières alarmes.
   Et c'est d'humilier son front devant les larmes
   De naguère, sans rien qui pourrait amortir
   Le coup droit pour l'orgueil, et de rendre les armes
   Comme un soldat vaincu,-triste de bonne foi.
   O ma soeur, qui m'avez puni, pardonnez-moi!
  
   XVI
  
   Écoutez la chanson bien douce
   Qui ne pleure que pour vous plaire,
   Elle est discrète, elle est lêgère:
   Un frisson d'eau sur de la mousse!
   La voix vous fut connue (et chère!),
   Mais à prêsent elle est voilêe
   Comme une veuve dêsolêe,
   Pourtant comme elle encore fière,
   Et dans les longs plis de son voile
   Qui palpite aux brises d'automne,
   Cache et montre au coeur qui s'êtonne
   La vêritê comme une êtoile.
   Elle dit, la voix reconnue,
   Que la bontê c'est notre vie,
   Que de la haine et de l'envie
   Rien ne reste, la mort venue.
   Elle parle aussi de la gloire
   D'être simple sans plus attendre,
   Et de noces d'or et du tendre
   Bonheur d'une paix sans victoire.
   Accueillez la voix qui persiste
   Dans son naïf êpithalame.
   Allez, rien n'est meilleur à l'âme
   Que de faire une âme moins triste!
   Elle est en peine et de passage
   L'âme qui souffre sans colère.
   Et comme sa morale est claire!...
   Écoutez la chanson bien sage.
  
   XVII
  
   Les chères mains qui furent miennes,
   Toutes petites, toutes belles,
   Après ces mêprises mortelles
   Et toutes ces choses païennes,
   Après les rades et les grèves,
   Et les pays et les provinces,
   Royales mieux qu'au temps des princes,
   Les chères mains m'ouvrent les rêves.
   Mains en songe, mains sur mon âme,
   Sais-je, moi, ce que vous daignâtes,
   Parmi ces rumeurs scêlêrates,
   Dire à cette âme qui se pâme?
   Ment-elle, ma vision chaste
   D'affinitê spirituelle,
   De complicitê maternelle,
   D'affection êtroite et vaste?
   Remords si cher, peine très bonne,
   Rêves bênits, mains consacrêes,
   O ces mains, ces mains vênêrêes.
   Faites le geste qui pardonne!
  
   XVIII
  
   Et j'ai revu l'enfant unique: il m'a semblê
   Que s'ouvrait dans mon coeur la dernière blessure,
   Celle dont la douleur plus exquise m'assure
   D'une mort dêsirable en un jour consolê.
   La bonne flèche aiguë et sa fraîcheur qui dure!
   En ces instants choisis elles ont êveillê
   Les rêves un peu lourds du scrupule ennuyê,
   Et tout mon sang chrêtien chanta la Chanson pure.
   J'entends encor, je vois encor! Loi du devoir
   Si douce! Enfin je sais ce qu'est entendre et voir,
   J'entends, je vois toujours! Voix des bonnes pensêes,
   Innocence, avenir! Sage et silencieux,
   Que je vais vous aimer, vous un instant pressêes,
   Belles petites mains qui fermerez nos yeux!
  
   XIX
  
   Voix de l'Orgueil; un cri puissant, comme d'un cor.
   Des êtoiles de sang sur des cuirasses d'or,
   On trêbuche à travers des chaleurs d'incendie...
   Mais en somme la voix s'en va, comme d'un cor.
   Voix de la Haine: cloche en mer, fausse, assourdie
   De neige lente. Il fait si froid! Lourde, affadie,
   La vie a peur et court follement sur le quai
   Loin de la cloche qui devient plus assourdie.
   Voix de la Chair: un gros tapage fatiguê.
   Des gens ont bu. L'endroit fait semblant d'être gai.
   Des yeux, des noms, et l'air plein de parfums atroces
   Où vient mourir le gros tapage fatiguê.
   Voix d'Autrui: des lointains dans les brouillards. Des noces
   Vont et viennent. Des tas d'embarras. Des nêgoces,
   Et tout le cirque des civilisations
   Au son trotte-menu du violon des noces.
   Colères, soupirs noirs, regrets, tentations
   Qu'il a fallu pourtant que nous entendissions
   Pour l'assourdissement des silences honnêtes,
   Colères, soupirs noirs, regrets, tentations,
   Ah! les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes,
   Sentences, mots en vain, mêtaphores mal faites,
   Toute la rhêtorique en fuite des pêchês,
   Ah! les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes!
   Nous ne sommes plus ceux que vous auriez cherchês.
   Mourez à nous, mourez aux humbles voeux cachês
   Que nourrit la douceur de la Parole forte,
   Car notre coeur n'est plus de ceux que vous cherchez!
   Mourez parmi la voix que la prière emporte
   Au ciel, dont elle seule ouvre et ferme la porte
   Et dont elle tiendra les sceaux au dernier jour,
   Mourez parmi la voix que la prière apporte,
   Mourez parmi la voix terrible de l'Amour!
  
   XX
  
   L'ennemi se dêguise en L'Ennui
   Et me dit: "A quoi bon, pauve dupe?"
   Moi je passe et me moque de lui.
   L'ennemi se dêguise en la Chair
   Et me dit: "Bah! retrousse une jupe!"
   Moi j'êcarte le conseil amer.
   L'ennemi se transforme en un Ange
   De lumière et dit: "Qu'est ton effort
   A côtê des tributs de louange
   Et de Foi dus au Père cêleste?
   Ton amour va-t-il jusqu'à la mort?"
   Je rêponds: "L'Espêrance me reste."
   Comme c'est le vieux logicien,
   Il a fait bientôt de me rêduire
   A ne plus vouloir rêpliquer rien,
   Mais sachant qui c'est, êpouvantê
   De ne plus sentir les mondes luire,
   Je prierai pour de l'humilitê.
  
   XXI
  
   Va ton chemin sans plus t'inquiêter!
   La route est droite et tu n'as qu'à monter,
   Portant d'ailleurs le seul trêsor qui vaille
   Et l'arme unique au cas d'une bataille,
   La pauvretê d'esprit et Dieu pour toi.
   Surtout il faut garder toute espêrance,
   Qu'importê un peu de nuit et de souffrances?
   La route est bonne et la mort est au bout,
   Oui, garde toute espêrance surtout,
   La mort là-bas te dresse un lit de joie.
   Et fais-toi doux de toute la douceur.
   La vie est laide, encore c'est ta soeur.
   Simple, gravis la côte et même chante.
   Pour êcarter la prudence mêchante
   Dont la voix basse est pour tenter ta foi.
   Simple comme un enfant, gravis la côte,
   Humble comme un pêcheur qui hait la faute,
   Chante, et même sois gai, pour dêfier
   L'ennui que l'ennemi peut t'envoyer
   Afin que tu t'endormes sur la voie.
   Ris du vieux piège et du vieux sêducteur,
   Puisque la Paix est là, sur la hauteur,
   Qui luit parmi les fanfares de la gloire,
   Monte, ravi, dans la nuit blanche et noire,
   Dêjà l'Ange Gardien êtend sur toi
   Joyeusement des ailes de victoire.
  
   XXII
  
   Pourquoi triste, ô mon âme,
   Triste jusqu'à la mort,
   Quand l'effort te rêclame,
   Quand le suprême effort
   Est là qui te rêclame?
   Ah! tes mains que tu tords
   Au lieu d'être à la lâche,
   Tes lèvres que tu mords
   Et leur silence lâche,
   Et tes yeux qui sont morts!
   N'as-tu pas l'espêrance
   De la fidêlitê,
   Et, pour plus d'assurance
   Dans la sêcuritê,
   N'as-tu pas la souffrance?
   Mais chasse le sommeil
   Et ce rêve qui pleure.
   Grand jour et plein soleil!
   Vois, il est plus que l'heure:
   Le ciel bruit vermeil,
   Et la lumière crue
   Dêcoupant d'un trait noir
   Toute chose apparue,
   Te montre le Devoir
   Et sa forme bourrue.
   Marche à lui vivement.
   Tu verras disparaître
   Tout aspect inclêment
   De sa manière d'être,
   Avec l'êloignement.
   C'est le dêpositaire
   Qui te garde un trêsor
   D'amour et de mystère,
   Plus prêcieux que l'or,
   Plus sûr que rien sur terre:
   Les biens qu'on ne voit pas,
   Toute joie inouïe,
   Votre paix, saints combats,
   L'extase êpanouie
   Et l'oubli d'ici-bas,
   Et l'oubli d'ici-bas!
  
   XXIII
  
   Nê l'enfant des grandes villes
   Et des rêvoltes serviles,
   J'ai là, tout cherchê, trouvê
   De tout appêtit rêvê.
   Mais, puisque rien n'en demeure,
   J'ai dit un adieu lêger
   A tout ce qui peut changer.
   Au plaisir, au bonheur même,
   Et même à tout ce que j'aime
   Hors de vous, mon doux Seigneur!
   La Croix m'a pris sur ses ailes
   Qui m'emporte aux meilleurs zèles,
   Silence, expiation,
   Et l'âpre vocation
   Pour la vertu qui s'ignore.
   Douce, chère Humilitê,
   Arrose ma charitê,
   Trempe-la de tes eaux vives.
   O mon coeur, que tu ne vives
   Qu'aux fins d'une bonne mort!
  
   XXIV
  
   L'âme antique êtait rude et vaine
   Et ne voyait dans la douleur
   Que l'acuitê de la peine
   Ou l'êtonnement du malheur.
   L'art, sa figure la plus claire
   Traduit ce double sentiment
   Par deux grands types de la Mère
   En proie au suprême tourment.
   C'est la vieille reine de Troie:
   Tous ses fils sont morts par le fer.
   Alors ce deuil brutal aboie
   Et glapit au bord de la mer.
   Elle court le long du rivage,
   Bavant vers le flot êcumant,
   Hirsute, criade, sauvage,
   La chienne littêralement!...
   Et c'est Niobê qui s'effare
   Et garde fixement des yeux
   Sur les dalles de pierre rare
   Ses enfants tuês par les cieux.
   Le souffle expire sur sa bouche.
   Elle meurt dans un geste fou.
   Ce n'est plus qu'un marbre farouche
   Là transportê nul ne sait d'où!...
   La douleur chrêtienne est immense.
   Elle, comme le coeur humain,
   Elle souffre, puis elle pense,
   Et calme poursuit son chemin.
   Elle est debout sur le Calvaire
   Pleine de larmes et sans cris.
   C'est êgalement une mère,
   Mais quelle mère de quel fils!
   Elle participe au Supplice
   Qui sauve toute nation,
   Attendrissant le sacrifice
   Par sa vaste compassion.
   Et comme tous sont les fils d'elle,
   Sur le monde et sur sa langueur
   Toute la charitê ruisselle
   Des sept blessures de son coeur,
   Au jour qu'il faudra, pour la gloire
   Des cieux enfin tout grands ouverts,
   Ceux qui surent et purent croire,
   Bons et doux, sauf au seul Pervers,
   Ceux-là vers la joie infinie
   Sur la colline de Sion
   Monteront d'une aile bênie
   Aux plis de son assomption.
  
   I
  
   O mon Dieu, vous m'avez blessê d'amour
   Et la blessure est encore vibrante,
   O mon Dieu, vous m'avez blessê d'amour!
   O mon Dieu, votre crainte m'a frappê
   Et la brûlure est encor là qui tonne,
   O mon Dieu, votre crainte m'a frappê!
   O mon Dieu, j'ai connu que tout est vil
   Et votre gloire en moi s'est installêe,
   O mon Dieu, j'ai connu que tout est vil!
   Noyez mon âme aux flots de votre Vin,
   Fondez ma vie au Pain de votre table,
   Noyez mon âme aux flots de votre Vin.
   Voici mon sang que je n'ai pas versê,
   Voici ma chair indigne de souffrance,
   Voici mon sang que je n'ai pas versê.
   Voici mon front qui n'a pu que rougir
   Pour l'escabeau de vos pieds adorables,
   Voici mon front qui n'a pu que rougir.
   Voici mes mains qui n'ont pas travaillê
   Pour les charbons ardents et l'encens rare,
   Voici mes mains qui n'ont pas travaillê.
   Voici mon coeur qui n'a battu qu'en vain,
   Pour palpiter aux ronces du Calvaire,
   Voici mon coeur qui n'a battu qu'en vain.
   Voici mes pieds, frivoles voyageurs,
   Pour accourir au cri de votre grâce,
   Voici mes pieds, frivoles voyageurs.
   Voici ma voix, bruit maussade et menteur,
   Pour les reproches de la Pênitence,
   Voici ma voix, bruit maussade et menteur.
   Voici mes yeux, luminaires d'erreur,
   Pour être êteints aux pleurs de la prière,
   Voici mes yeux, luminaires d'erreur.
   Hêlas, Vous, Dieu d'offrande et de pardon,
   Quel est le puits de mon ingratitude,
   Hêlas! Vous, Dieu d'offrande et de pardon!
   Dieu de terreur et Dieu de saintetê,
   Hêlas! ce noir abîme de mon crime,
   Dieu de terreur et Dieu de saintetê,
   Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,
   Toutes mes peurs, toutes mes ignorances,
   Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,
   Vous connaissez tout cela, tout cela,
   Et que je suis plus pauvre que personne,
   Vous connaissez tout cela, tout cela,
   Mais ce que j'ai, mon Dieu, je vous le donne.
  
   II
  
   Je ne veux plus aimer que ma mère Marie.
   Tous les autres amours sont de commandement.
   Nêcessaires qu'ils sont, ma mère seulement
   Pourra les allumer aux coeurs qui l'ont chêrie.
   C'est pour Elle qu'il faut chêrir mes ennemis,
   C'est par Elle que j'ai vouê ce sacrifice,
   Et la douceur de coeur et le zèle au service,
   Comme je la priais, Elle les a permis.
   Et comme j'êtais faible et bien mêchant encore,
   Aux mains lâches, les yeux êblouis des chemins,
   Elle baissa mes yeux et me joignit les mains,
   Et m'enseigna les mots par lesquels on adore.
   C'est par Elle que j'ai voulu de ces chagrins,
   C'est pour Elle que j'ai mon coeur dans les cinq Plaies,
   Et tous ces bons efforts vers les croix et les claies,
   Comme je l'invoquais, Elle en ceignit mes reins.
   Je ne veux plus penser qu'à ma mère Marie,
   Siège de la sagesse et source des pardons,
   Mère de France aussi, de qui nous attendons
   Inêbranlablement l'honneur de la patrie.
   Marie Immaculêe, amour essentiel,
   Logique de la foi cordiale et vivace,
   En vous aimant qu'est-il de bon que je ne fasse,
   En vous aimant du seul amour, Porte du ciel?
  
   III
  
   Vous êtes calme, vous voulez un voeu discret,
   Des secrets à mi-voix dans l'ombre et le silence,
   Le coeur qui se rêpand plutôt qu'il ne s'êlance,
   Et ces timides, moins transis qu'il ne paraît.
   Vous accueillez d'un geste exquis telles pensêes
   Qui ne marchent qu'en ordre et font le moins de bruit.
   Votre main, toujours prête à la chute du fruit,
   Patiente avec l'arbre et s'abstient de poussêes.
   Et si l'immense amour de vos commandements
   Embrasse et presse tous en sa sollicitude,
   Vos conseils vont dicter aux meilleurs et l'êtude
   Et le travail des plus humbles recueillements.
   Le pêcheur, s'il prêtend vous connaître et vous plaire,
   O vous qui nous aimant si fort parliez si peu,
   Doit et peut, à tout temps du jour comme en tout lieu,
   Bien faire obscurêment son devoir et se taire.
   Se taire pour le monde, un pur sênat de fous,
   Se taire sur autrui, des âmes prêcieuses,
   Car nous taire vous plaît, même aux heures pieuses,
   Même à la mort, sinon devant le prêtre et vous.
   Donnez-leur le silence et l'amour du mystère,
   O Dieu glorifieur du bien fait en secret,
   A ces timides moins transis qu'il ne paraît,
   Et l'horreur, et le pli des choses de la terre.
   Donnez-leur, ô mon Dieu, la rêsignation,
   Toute forte douceur, l'ordre et l'intelligence,
   Afin qu'au jour suprême ils gagnent l'indulgence
   De l'Agneau formidable en la neuve Sion,
   Afin qu'ils puissent dire: "Au moins nous sûmes croire",
   Et que l'Agneau terrible, ayant tout supputê,
   Leur rêponde: "Venez, vous avez mêritê,
   Pacifiques, ma paix, et, douloureux, ma gloire."
  
   IV
  
   I
  
   Mon Dieu m'a dit: Mon fils, il faut m'aim

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