Sans relâche, à travers toutes remises vaines,
Impatient des mois, furieux des semaines!
XV
J'ai presque peur, en vêritê,
Tant je sens ma vie enlacêe
A la radieuse pensêe
Qui m'a pris l'âme l'autre êtê,
Tant votre image, à jamais chère,
Habite en coeur tout à vous,
Mon coeur uniquement jaloux
De vous aimer et de vous plaire;
Et je tremble, pardonnez-moi
D'aussi franchement vous le dire,
A penser qu'un mot, un sourire
De vous est dêsormais ma loi,
Et qu'il vous suffirait d'un geste,
D'une parole ou d'un clin d'oeil,
Pour mettre tout mon être en deuil
De son illusion cêleste.
Mais plutôt je ne veux vous voir,
L'avenir dût-il m'être sombre
Et fêcond en peines sans nombre,
Qu'à travers un immense espoir,
Plongê dans ce bonheur suprême
De me dire encore et toujours,
En dêpit des mornes retours,
Que je vous aime, que je t'aime!
XVI
Le bruit des cabarets, la fange des trottoirs,
Les platanes dêchus s'effeuillant dans l'air noir,
L'omnibus, ouragan de ferraille et de boues,
Qui grince, mal assis entre ses quatres roues.
Et roule ses yeux verts et rouges lentement,
Les ouvriers allant au club, tout en fumant
Leur brûle-gueule au nez des agents de police,
Toits qui dêgouttent, murs suintants, pavê qui glisse,
Bitume dêfoncê, ruisseaux comblant l'êgout,
Voilà ma route-avec le paradis au bout.
XVII
N'est-ce pas? en dêpit des sots et des mêchants
Qui ne manqueront pas d'envier notre joie,
Nous serons fiers parfois et toujours indulgents
N'est-ce pas? nous irons, gais et lents, dans la voie
Modeste que nous montre en souriant l'Espoir,
Peu soucieux qu'on nous ignore ou qu'on nous voie.
Isolês dans l'amour ainsi qu'en un bois noir,
Nos deux coeurs, exhalant leur tendresse paisible,
Seront deux rossignols qui chantent dans le soir.
Quant au Monde, qu'il soit envers nous irascible
Ou doux, que nous feront ses gestes? Il peut bien
S'il veut, nous caresser ou nous prendre pour cible.
Unis par le plus fort et le plus cher lien,
Et d'ailleurs, possêdant l'armure adamantine,
Nous sourirons à tous et n'aurons peur de rien.
Sans nous prêoccuper de ce que nous destine
Le Sort, nous marcherons pourtant du même pas,
Et la main dans la main, avec l'âme enfantine
De ceux qui s'aiment sans mêlange, n'est-ce pas?
XVIII
Nous sommes en des temps infâmes
Où le mariage des âmes
Doit sceller l'union des coeurs;
A cette heure d'affreux orages,
Ce n'est pas trop de deux courages
Pour vivre sous de tels vainqueurs.
En face de ce que l'on ose
Il nous siêrait, sur toute chose,
De nous dresser, couple ravi
Dans l'extase austère du juste
Et proclamant, d'un geste auguste
Notre amour fier, comme un dêfi!
Mais quel besoin de te le dire?
Toi la bontê, toi le sourire,
N'es-tu pas le conseil aussi,
Le bon conseil loyal et brave,
Enfant rieuse au penser grave,
A qui tout mon coeur dit: merci!
XIX
Donc, ce sera par un clair jour d'êtê:
Le grand soleil, complice de ma joie,
Fera, parmi le satin et la soie,
Plus belle encore votre chère beautê;
Le ciel tout bleu, comme une haute lente,
Frissonnera somptueux à longs plis
Sur nos deux fronts heureux qu'auront pâlis
L'êmotion du bonheur et l'attente;
Et quand le soir viendra, l'air sera doux
Qui se jouera, caressant, dans vos voiles,
Et les regards paisibles des êtoiles
Bienveillamment souriront aux êpoux.
XX
J'allais par des chemins perfides,
Douloureusement incertain.
Vos chères mains furent mes guides.
Si pâle à l'horizon lointain
Luisait un faible espoir d'aurore;
Votre regard fut le matin.
Nul bruit, sinon son pas sonore,
N'encourageait le voyageur.
Votre voix me dit: "Marche encore!"
Mon coeur craintif, mon sombre coeur
Pleurait, seul, sur la triste voie;
L'amour, dêlicieux vainqueur,
Nous a rêunis dans la joie.
XXI
L'hiver a cessê: la lumière est tiède
Et danse, du sol au firmament clair.
Il faut que le coeur le plus triste cède
A l'immense joie êparse dans l'air.
Même ce Paris maussade et malade
Semble faire accueil aux jeunes soleils
Et, comme pour une immense accolade,
Tend les mille bras de ses toits vermeils.
J'ai depuis un an le printemps dans l'âme
Et le vert retour du doux florêal,
Ainsi qu'une flamme entoure une flamme,
Met de l'idêal sur mon idêal.
Le ciel bleu prolonge, exhausse et couronne
L'immuable azur où rit mon amour.
La saison est belle et ma part est bonne,
Et tous mes espoirs ont enfin leur tour.
Que vienne l'êtê! que viennent encore
L'automne et l'hiver! Et chaque saison
Me sera charmante, ô Toi que dêcore
Cette fantaisie et cette raison!
ROMANCES SANS PAROLES
I
Le vent dans la plaine
Suspend son haleine.
(FAVART.)
C'est l'extase langoureuse,
C'est la fatigue amoureuse,
C'est tous les frissons des bois
Parmi l'êtreinte des brises,
C'est, vers les ramures grises,
Le choeur des petites voix.
O le frêle et frais murmure!
Cela gazouille et susure,
Cela ressemble au cri doux
Que l'herbe agitêe expire...
Tu dirais, sous l'eau qui vire,
Le roulis sourd des cailloux.
Cette âme qui se lamente
En cette plainte dormante,
C'est la nôtre, n'est-ce pas?
La mienne, dis, et la tienne,
Dont s'exhale l'humble antienne
Par ce tiède soir, tout bas?
II
Je devine, à travers un murmure,
Le contour subtil des voix anciennes
Et dans les lueurs musiciennes,
Amour pâle, une aurore future!
Et mon âme et mon coeur en dêlires
Ne sont plus qu'une espèce d'oeil double
Où tremblote à travers un jour trouble
L'ariette, hêlas! de toutes lyres!
O mourir de cette mort seulette
Que s'en vont, cher amour qui t'êpeures
Balanèant jeunes et vieilles heures!
O mourir de cette escarpolette!
III
Il pleut doucement sur la ville.
(ARTHUR RAIMBAUD.)
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui pênètre mon coeur?
O bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits!
Pour un coeur qui s'ennuie,
O le chant de la pluie!
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'êcoeure.
Quoi! nulle trahison?
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine!
IV
Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses.
De cette faèon nous serons bien heureuses,
Et si notre vie a des instants moroses,
Du moins nous serons, n'est-ce pas? deux pleureuses.
O que nous mêlions, âmes soeurs que nous sommes,
A nos voeux confus la douceur puêrile
De cheminer loin des femmes et des hommes,
Dans le frais oubli de ce qui nous exile.
Soyons deux enfants, soyons deux jeunes filles
Éprises de rien et de tout êtonnêes,
Qui s'en vont pâlir sous les chastes charmilles
Sans même savoir qu'elles sont pardonnêes.
V
Son joyeux, importun d'un clavecin sonore.
(PÉTRUS BOREL.)
Le piano que baise une main frêle
Luit dans le soir rose et gris vaguement,
Tandis qu'avec un très lêger bruit d'aile
Un air bien vieux, bien faible et bien charmant,
Rôde discret, êpeurê quasiment,
Par le boudoir longtemps parfumê d'Elle.
Qu'est-ce que c'est que ce berceau soudain
Qui lentement dorlotte mon pauvre être?
Que voudrais-tu de moi, doux chant badin?
Qu'as-tu voulu, fin refrain incertain
Qui va tantôt mourir vers la fenêtre
Ouverte un peu sur le petit jardin?
VI
C'est le chien de Jean de Nivelle
Qui mord sous l'oeil même du guet
Le chat de la mère Michel;
Franèois-les-bas-bleus s'en êgaie.
La lune à l'êcrivain public
Dispense sa lumière obscure
Où Mêdor avec Angêlique
Verdissent sur le pauvre mur.
Et voici venir La Ramêe
Sacrant en bon soldat du Roi.
Sous son habit blanc mal famê
Son coeur ne se tient pas de joie!
Car la boulangère...-Elle?-Oui dame!
Bernant Lustucru, son vieil homme,
A tantôt couronnê sa flamme...
Enfants, Dominus vobiscum!
Place! en sa longue robe bleue
Toute en salin qui fait frou-frou,
C'est une impure, palsembleu!
Dans sa chaise qu'il faut qu'on loue,
Fût-on philosophe ou grigou,
Car tant d'or s'y relève en bosse,
Que ce luxe insolent bafoue
Tout le papier de monsieur Loss!
Arrière, robin crottê! place,
Petit courtaud, petit abbê,
Petit poète jamais las
De la rime non attrapêe!
Voici que la nuit vraie arrive...
Cependant jamais fatiguê
D'être inattentif et naïf?
Franèois-les-bas-bleus s'en êgaie.
VII
O triste, triste êtait mon âme
A cause, à cause d'une femme.
Je ne me suis pas consolê
Bien que mon coeur s'en soit allê,
Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolê
Bien que mon coeur s'en soit allê.
Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme: Est-il possible,
Est-il possible,-le fût-il,-
Ce fier exil, ce triste exil?
Mon âme dit à mon coeur: Sais-je
Moi-même, que nous veut ce piège
D'être prêsents bien qu'exilês,
Encore que loin en allês?
VIII
Dans l'interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune,
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Comme des nuêes
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buêes.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Corneille poussive
Et vous les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?
Dans l'interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
IX
Le rossignol, qui du haut d'une
branche se regarde dedans, croit
être tombê dans la rivière. Il est
au sommet d'un chêne et toutefois
il a peur de se noyer.
(CYRANO DE BERGEBAC.)
L'ombre des arbres dans la rivière embrumêe
Meurt comme de la fumêe,
Tandis qu'en l'air, parmi les ramures rêelles,
Se plaignent les tourterelles.
Combien, ô voyageur, ce paysage blême
Te mira blême toi-même,
Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillêes
Tes espêrances noyêes?
Mai, juin 1872.
PAYSAGES BELGES
"Conquestes du Roy."
(Vieilles estampes.)
WALCOURT
Briques et tuiles,
O les charmants
Petits asiles
Pour les amants!
Houblons et vignes,
Feuilles et fleurs,
Tentes insignes
Des francs buveurs!
Guinguettes claires,
Bières, clameurs,
Servantes chères
A tous fumeurs!
Gares prochaines,
Gais chemins grands...
Quelles aubaines,
Bons juifs errants!
Juillet 1873.
CHARLEROI
Dans l'herbe noire
Les Kobolds vont.
Le vent profond
Pleure, on veut croire.
Quoi donc se sent?
L'avoine siffle.
Un buisson giffle
L'oeil au passant.
Plutôt des bouges
Que des maisons.
Quels horizons
De forges rouges!
On sent donc quoi?
Des gares tonnent,
Les yeux s'êtonnent,
Où Charleroi?
Parfums sinistres?
Qu'est-ce que c'est?
Quoi bruissait
Comme des sistres?
Sites brutaux!
Oh! votre haleine,
Sueur humaine,
Cris des mêtaux!
Dans l'herbe noire
Les Kobolds vont.
Le vent profond
Pleure, on veut croire.
BRUXELLE
SIMPLES FRESQUES
I
La fuite est verdâtre et rose
Des collines et des rampes,
Dans un demi-jour de lampes
Qui vient brouiller toute chose.
L'or sur les humbles abîmes,
Tout doucement s'ensanglante,
Des petits arbres sans cimes,
Où quelque oiseau faible chante.
Triste à peine tant s'effacent
Ces apparences d'automne.
Toutes mes langueurs rêvassent,
Que berce l'air monotone.
II
L'allêe est sans fin
Sous le ciel, divin
D'être pâle ainsi!
Sais-tu qu'on serait
Bien sous le secret
De ces arbres-ci?
Des messieurs bien mis,
Sans nul doute amis
Des Royers-Collards,
Vont vers le château.
J'estimerais beau
D'être ces vieillards.
Le château, tout blanc
Avec, à son flanc,
Le soleil couchê.
Les champs à l'entour...
Oh! que notre amour
N'est-il là nichê!
Estaminet du Jeune Renard, août 1872.
BRUXELLES
CHEVAUX DE BOIS
Par Saint-Gille,
Viens-nous-en,
Mon agile
Alezan.
(V. HUGO.)
Tournez, tournez, bons chevaux de bois,
Tournez cent tours, tournez mille tours,
Tournez souvent et tournez toujours,
Tournez, tournez au son des hautbois.
Le gros soldat, la plus grosse bonne
Sont sur vos dos comme dans leur chambre;
Car, en ce jour, au bois de la Cambre,
Les maîtres sont tous deux en personne.
Tournez, tournez, chevaux de leur coeur,
Tandis qu'autour de tous vos tournois
Clignotte l'oeil du filou sournois,
Tournez au son du piston vainqueur.
C'est ravissant comme èa vous soûle
D'aller ainsi dans ce cirque bête!
Bien dans le ventre et mal dans la tête,
Du mal en masse et du bien en foule.
Tournez, tournez, sans qu'il soit besoin
D'user jamais de nuls êperons,
Pour commander à vos galops ronds,
Tournez, tournez, sans espoir de foin.
Et dêpêchez, chevaux de leur âme,
Dêjà, voici que la nuit qui tombe
Va rêunir pigeon et colombe,
Loin de la foire et loin de madame.
Tournez, tournez! le ciel en velours
D'astres en or se vêt lentement.
Voici partir l'amante et l'amant.
Tournez au son joyeux des tambours.
Champ de foire de Saint-Gilles, août 1872.
MALINES
Vers les prês le vent cherche noise
Aux girouettes, dêtail fin
Du château de quelque êchevin,
Rouge de brique et bleu d'ardoise,
Vers les prês clairs, les prês sans fin...
Comme les arbres des fêeries
Des frênes, vagues frondaisons,
Échelonnent mille horizons
A ce Sahara de prairies,
Trèfle, luzerne et blancs gazons,
Les wagons filent en silence
Parmi ces sites apaisês.
Dormez, les vaches! Reposez,
Doux taureaux de la plaine immense,
Sous vos cieux à peine irisês!
Le train glisse sans un murmure,
Chaque wagon est un salon
Où l'on cause bas et d'où l'on
Aime à loisir cette nature
Faite à souhait pour Fênelon.
Août, 1872.
BIRDS IN THE NIGHT
Vous n'avez pas eu toute patience,
Cela se comprend par malheur, de reste.
Vous êtes si jeune! et l'insouciance,
C'est le lot amer de l'âge cêleste!
Vous n'avez pas eu toute la douceur,
Cela par malheur d'ailleurs se comprend;
Vous êtes si jeune, ô ma froide soeur,
Que votre coeur doit être indiffêrent!
Aussi me voici plein de pardons chastes,
Non certes! joyeux, mais très calme, en somme,
Bien que je dêplore, en ces mois nêfastes,
D'être, grâce à vous, le moins heureux homme.
***
Et vous voyez bien que j'avais raison
Quand je vous disais, dans mes moments noirs,
Que vos yeux, foyer de mes vieux espoirs,
Ne couvaient plus rien que la trahison.
Vous juriez alors que c'êtait mensonge
Et votre regard qui mentait lui-même
Flambait comme un feu mourant qu'on prolonge,
Et de votre voix vous disiez: "Je t'aime!"
Hêlas! on se prend toujours au dêsir
Qu'on a d'être heureux malgrê la saison...
Mais ce fut un jour plein d'amer plaisir,
Quand je m'aperèus que j'avais raison!
***
Aussi bien pourquoi me mettrai-je à geindre?
Vous ne m'aimez pas, l'affaire est conclue,
Et, ne voulant pas qu'on ose se plaindre,
Je souffrirai d'une âme rêsolue.
Oui, je souffrirai, car je vous aimais!
Mais je souffrirai comme un bon soldat
Blessê, qui s'en va dormir à jamais,
Plein d'amour pour quelque pays ingrat.
Vous qui fûtes ma Belle, ma Chêrie,
Encor que de vous vienne ma souffrance,
N'êtes-vous donc pas toujours ma Patrie,
Aussi jeune, aussi folle que la France?
***
Or, je ne veux pas,-le puis-je d'abord?
Plonger dans ceci mes regards mouillês.
Pourtant mon amour que vous croyez mort
A peut-être enfin les yeux dessillês.
Mon amour qui n'est que ressouvenance,
Quoique sous vos coups il saigne et qu'il pleure
Encore et qu'il doive, à ce que je pense,
Souffrir longtemps jusqu'à ce qu'il en meure,
Peut-être a raison de croire entrevoir
En vous un remords qui n'est pas banal.
Et d'entendre dire, en son dêsespoir,
A votre mêmoire: ah! fi que c'est mal!
***
Je vous vois encor. J'entr'ouvris la porte.
Vous êtiez au lit comme fatiguêe.
Mais, ô corps lêger que l'amour emporte,
Vous bondîtes nue, êplorêe et gaie.
O quels baisers, quels enlacements fous!
J'en riais moi-même à travers mes pleurs.
Certes, ces instants seront entre tous
Mes plus tristes, mais aussi mes meilleurs.
Je ne veux revoir de votre sourire
Et de vos bons yeux en cette occurrence
Et de vous, enfin, qu'il faudrait maudire,
Et du piège exquis, rien que l'apparence
***
Je vous vois encor! En robe d'êtê
Blanche et jaune avec des fleurs de rideaux.
Mais vous n'aviez plus l'humide gaîtê
Du plus dêlirant de tous nos tantôts,
La petite êpouse et la fille aînêe
Était reparue avec la toilette,
Et c'êtait dêjà notre destinêe
Qui me regardait sous votre voilette.
Soyez pardonnêe! Et c'est pour cela
Que je garde, hêlas! avec quelque orgueil,
En mon souvenir qui vous cajola,
L'êclair de côtê que coulait votre oeil.
***
Par instants, je suis le pauvre navire
Qui court dêmâtê parmi la tempête,
Et ne voyant pas Notre-Dame luire
Pour l'engouffrement en priant s'apprête.
Par instants, je meurs la mort du pêcheur