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Верлен Поль - Oeuvres complètes de Paul Verlaine, Vol. 1, Страница 12

Верлен Поль - Oeuvres complètes de Paul Verlaine, Vol. 1


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p; A parler discipline avec ces bons lourdauds
   Se levait, à grands pas marchait, les mains au dos,
   Et racontait alors quelque fait politique
   Dont il se proclamait le têmoin authentique,
   La distribution des Aigles, les Adieux,
   Le Sacre et ce Dix-huit Brumaire radieux,
   Beau jour où le soldat qu'un bavard importune
   Brisa du même coup orateurs et tribune,
   Où le dieu Mars mis par la Chambre hors la Loi
   Mit la Loi hors la Chambre et, sans dire pourquoi,
   Balaya du pouvoir tous ces ergoteurs glabres,
   Tous ces lêgislateurs qui n'avaient pas de sabres!
   Tel parlait et faisait le grognard prêcitê
   Qui mourut centenaire à peu près l'autre êtê.
   Le maire conduisit le deuil au cimetière.
   Un feu de peloton fut tirê sur la bière
   Par le garde champêtre et quatorze pompiers,
   Dont sept revinrent plus ou moins estropiês
   A cause des mauvais fusils de la campagne.
   Un tertre qu'une pierre assez grande accompagne
   Et qu'orne un saule en pleurs est l'humble monument
   Où notre hêros dort perpêtuellement.
   De plus, suivant le voeu dernier du camarade,
   On grava sur la pierre, après ses noms et grade,
   Ces mots que tout Franèais doit lire en tressaillant:
   "Amour à la plus belle et gloire au plus vaillant."
  
   LES LOUPS
  
   Parmi l'obscur champ de bataille
   Rôdant sans bruit sous le ciel noir,
   Les loups obliques font ripaille
   Et c'est plaisir que de les voir,
   Agiles, les yeux verts, aux pattes
   Souples sur les cadavres mous,
   -Gueules vastes et têtes plates-
   Joyeux, hêrisser leurs poils roux.
   Un rauquement rien moins que tendre
   Accompagne les dents mâchant,
   Et c'est plaisir que de l'entendre,
   Cet hosannah vil et mêchant:
   -"Chair entaillêe et sang qui coule,
   Les hêros ont du bon vraiment.
   La faim repue et la soif soûle
   Leur doivent bien ce compliment.
   "Mais aussi, soit dit sans reproche,
   Combien de peines et de pas
   Nous a coûtês leur seule approche,.
   On ne l'imaginerait pas.
   "Dès que, sans pitiê ni relâches,
   Sonnèrent leurs pas fanfarons,
   Nos coeurs de fauves et de lâches,
   A la fois gourmands et poltrons,
   "Pressentant la guerre et la proie
   Pour maintes nuits et pour maints jours
   Battirent de crainte et de joie
   A l'unisson de leurs tambours.
   "Quand ils apparurent ensuite
   Tout êtincelants de mêlai,
   Oh! quelle peur et quelle fuite
   Vers la femelle, au bois natal!
   "Ils allaient fiers, les jeunes hommes,
   Calmes sous leur drapeau flottant,
   Et plus forts que nous ne le sommes
   Ils avaient l'air très doux pourtant.
   "Le fer terrible de leurs glaives
   Luisait moins encor que leurs yeux,
   Où la candeur d'augustes rêves
   Éclatait en regards joyeux.
   "Leurs cheveux que le vent fouette
   Sous leurs casques battaient, pareils
   Aux ailes de quelque mouette,
   Pales avec des tons vermeils.
   "Ils chantaient des choses hautaines!
   Ça parlait de libres combats,
   D'amour, de brisements de chaînes
   Et de mauvais dieux mis à bas.-
   "Ils passèrent. Quand leur cohorte
   Ne fut plus là-bas qu'un point bleu,
   Nous nous arrangeâmes en sorte
   De les suivre en nous risquant peu.
   "Longtemps, longtemps rasant la terre,
   Discrets, loin derrière eux, tandis
   Qu'ils allaient au pas militaire,
   Nous marchâmes par rang de dix.
   "Passant les fleuves à la nage
   Quand ils avaient rompu les ponts,
   Quelques herbes pour tout carnage,
   N'avanèant que par faibles bonds,
   "Perdant à tout moment haleine...
   Enfin une nuit ces dêmons
   Campèrent au fond d'une plaine
   Entre des forêts et des monts,
   "Là nous les guettâmes à l'aise,
   Car ils dormaient pour la plupart.
   Nos yeux pareils à de la braise
   Brillaient autour de leur rempart,
   "Et le bruit sec de nos dents blanches
   Qu'attendaient des festins si beaux
   Faisait cliqueter dans les branches
   Le bec avide des corbeaux.
   "L'aurore êclate. Une fanfare
   Épouvantable met sur pied
   La troupe entière qui s'effare.
   Chacun s'êquipe comme il sied.
   "Derrière les hautes futaies
   Nous nous sommes dissimulês
   Tandis que les prochaines haies
   Cachent les corbeaux affolês.
   "Le soleil qui monte commence
   A brûler. La terre a frêmi.
   Soudain une clameur immense
   A retenti. C'est l'ennemi!
   "C'est lui, c'est lui! Le sol rêsonne
   Sous les pas durs des conquêrants.
   Les polêmarques en personne
   Vont et viennent le long des rangs.
   "Et les lances et les êpêes
   Parmi les plis des êtendards
   Flambent entre les êchappêes
   De lumières et de brouillards.
   "Sur ce, dans ses courroux êpiques.
   La jeune bande s'avanèa,
   Gaie et sereine sous les piques,
   Et la bataille commenèa.
   "Ah! ce fut une chaude affaire:
   Cris confus, choc d'armes, le tout
   Pendant une journêe entière,
   Sous l'ardeur rouge d'un ciel d'août.
   "Le soir.-Silence et calme. A peine
   Un vague moribond tardif
   Crachant sa douleur et sa haine
   Dans un hoquet dêfinitif;
   "A peine, au lointain gris, le triste
   Appel d'un clairon êgarê.
   Le couchant d'or et d'amêthyste
   S'êteint et brunit par degrê.
   "La nuit tombe. Voici la lune!
   Elle cache et montre à moitiê
   Sa face hypocrite comme une
   Complice feignant la pitiê.
   "Nous autres qu'un tel souci laisse
   Et laissera toujours très cois,
   Nous n'avons pas cette faiblesse,
   Car la faim nous chasse du bois,
   "Et nous avons de quoi repaître
   Cet impêrial appêtit,
   Le champ de bataille sans maître
   N'êtant ni vide ni petit.
   "Or, sans plus perdre en phrases vaines
   Dont quelque sot serait jaloux
   Cette faèon de grasses aubaines,
   Buvons et mangeons, nous, les Loups!"
  
   LA PUCELLE
   A Robert Caze.
  
   Quand dêjà pêtillait et flambait le bûcher,
   Jeanne qu'assourdissait le chant brutal des prêtres,
   Sous tous ces yeux dardês de toutes ces fenêtres
   Sentit frêmir sa chair et son âme broncher.
   Et semblable aux agneaux que revend au boucher
   Le pâtour qui s'en va sifflant des airs champêtres,
   Elle considêra les choses et les êtres
   Et trouva son seigneur bien ingrat et lêger.
   "C'est mal, gentil Bâtard, doux Charles, bon Xaintrailles,
   De laisser les Anglais faire ces funêrailles
   A qui leur fit lever le siège d'Orlêans."
   Et la Lorraine, au seul penser de cette injure,
   Tandis que l'êtreignait la mort des mêcrêants,
   Las! pleura comme eût fait une autre crêature.
  
   L'ANGELUS DU MATIN
   A Lêon Vanier.
  
   Fauve avec des tons d'êcarlate,
   Une aurore de fin d'êtê
   Tempêtueusement êclate
   A l'horizon ensanglantê.
   La nuit rêveuse, bleue et bonne,
   Pâlit, scintille et fond en l'air,
   Et l'ouest dans l'ombre qui frissonne
   Se teinte au bord de rose clair.
   La plaine brille au loin et fume.
   Un oblique rayon venu
   Du soleil surgissant allume
   Le fleuve comme un sabre nu.
   Le bruit des choses rêveillêes
   Se marie aux brouillards lêgers
   Que les herbes et les feuillêes
   Ont subitement dêgagês.
   L'aspect vague du paysage
   S'accentue et change à foison.
   La silhouette d'un village
   Paraît.-Parfois une maison
   Illumine sa vitre et lance
   Un grand êclair qui va chercher
   L'ombre du bois plein de silence.
   Ça et là se dresse un clocher.
   Cependant, la lumière accrue
   Frappe dans les sillons les socs
   Et voici que claire, bourrue,
   Despotique, la voix des coqs
   Proclamant l'heure froide et grise
   Du pain mangê sans faim, des yeux
   Frottês que flagelle la bise
   Et du grincement des moyeux,
   Fait sortir des toits la fumêe,
   Aboyer les chiens en fureur,
   Et par la pente accoutumêe
   Descendre le lourd laboureur,
   Tandis qu'un choeur de cloches dures,
   Dans le grandissement du jour,
   Monte, aubade franche d'injures,
   A l'adresse du Dieu d'amour!
  
   LA SOUPE DU SOIR
   A J.-K. Huysmans.
  
   Il fait nuit dans la chambre êtroite et froide où l'homme
   Vient de rentrer, couvert de neige, en blouse, et comme
   Depuis trois jours il n'a pas prononcê deux mots,
   La femme a peur et fait des signes aux marmots.
   Un seul lit, un bahut disloquê, quatre chaises,
   Des rideaux jadis blancs conchiês des punaises,
   Une table qui va s'êcroulant d'un côtê,-
   Le tout navrant avec un air de saletê.
   L'homme, grand front, grands yeux pleins d'une sombre flamme,
   A vraiment des lueurs d'intelligence et d'âme,
   Et c'est ce qu'on appelle un solide garèon.
   La femme, jeune encore, est belle à sa faèon.
   Mais la Misère a mis sur eux sa main funeste,
   Et perdant par degrês rapides ce qui reste
   En eux de tristement vênêrable et d'humain,
   Ce seront la femelle et le mâle, demain.
   Tous se sont attablês pour manger de la soupe
   Et du boeuf, et ce tas sordide forme un groupe
   Dont l'ombre à l'infini s'allonge tout autour
   De la chambre, la lampe êtant sans abat-jour.
   Les enfants sont petits et pâles, mais robustes
   En dêpit des maigreurs saillantes de leurs bustes,
   Qui disent les hivers passês sans feu souvent
   Et les êtês subits dans un air êtouffant.
   Non loin d'un vieux fusil rouillê qu'un clou supporte
   Et que la lampe fait luire d'êtrange sorte,
   Quelqu'un qui chercherait longtemps dans ce retrait
   Avec l'oeil d'un agent de police verrait
   Empilês dans le fond de la boiteuse armoire
   Quelques livres poudreux de "science" et "d'histoire",
   Et, sous le matelas, cachês avec grand soin,
   Des romans capiteux cornês à chaque coin.
   Ils mangent cependant. L'homme, morne et farouche,
   Porte la nourriture êcoeurante à sa bouche
   D'un air qui n'est rien moins nonobstant que soumis,
   Et son euslache semble à d'autres soins promis.
   La femme pense à quelque ancienne compagne,
   Laquelle a tout, voiture et maison de campagne,
   Tandis que les enfants, leurs poings dans leurs yeux clos,
   Ronflant sur leur assiette, imitent des sanglots.
  
   LES VAINCUS
   A Louis-Xavier de Ricard.
  
   I
  
   La Vie est triomphante et l'Idêal est mort,
   Et voilà que, criant sa joie au vent qui passe,
   Le cheval enivrê du vainqueur broie et mord
   Nos frères, qui du moins tombèrent avec grâce,
   Et nous que la dêroute a fait survivre, hêlas!
   Les pieds meurtris, les yeux troublês, la tête lourde,
   Saignants, veules, fangeux, dêshonorês et las,
   Nous allons, êtouffant mal une plainte sourde,
   Nous allons, au hasard du soir et du chemin,
   Comme les meurtriers et comme les infâmes,
   Veufs, orphelins, sans toit, ni fils, ni lendemain,
   Aux lueurs des forêts familières en flammes!
   Ah! puisque notre sort est bien complet, qu'enfin
   L'espoir est aboli, la dêfaite certaine,
   Et que l'effort le plus ênorme serait vain,
   Et puisque c'en est fait, de notre haine,
   Nous n'avons plus, à l'heure où tombera la nuit,
   Abjurant tout risible espoir de funêrailles,
   Qu'à nous laisser mourir obscurêment, sans bruit,
   Comme il sied aux vaincus des suprêmes batailles.
  
   II
  
   Une faible lueur palpite à l'horizon
   Et le vent glacial qui s'êlève redresse
   Le feuillage des bois elles fleurs du gazon;
   C'est l'aube! tout renaît sous sa froide caresse.
   De fauve l'Orient devient rose, et l'argent
   Des astres va bleuir dans l'azur qui se dore;
   Le coq chante, veilleur exact et diligent;
   L'alouette a volê stridente: c'est l'aurore!
   Éclatant, le soleil surgit: c'est le matin!
   Amis, c'est le matin splendide dont la joie
   Heurte ainsi notre lourd sommeil, et le festin
   Horrible des oiseaux et des bêtes de proie.
   O prodige! en nos coeurs le frisson radieux
   Met à travers l'êclat subit de nos cuirasses,
   Avec un violent dêsir de mourir mieux,
   La colère et l'orgueil anciens des bonnes races.
   Allons, debout! allons, allons! debout, debout!
   Assez comme cela de hontes et de trêves!
   Au combat, au combat! car notre sang qui bout
   A besoin de fumer sur la pointe des glaives!
  
   III
  
   Les vaincus se sont dit dans la nuit de leurs geôles:
   Ils nous ont enchaînês, mais nous vivons encor.
   Tandis que les carcans font ployer nos êpaules,
   Dans nos veines le sang circule, bon trêsor.
   Dans nos têtes nos yeux rapides avec ordre
   Veillent, fins espions, et derrière nos fronts
   Notre cervelle pense, et s'il faut tordre ou mordre,
   Nos mâchoires seront dures et nos bras prompts.
   Lêgers, ils n'ont pas vu d'abord la faute immense
   Qu'ils faisaient, et ces fous qui s'en repentiront
   Nous ont jetê le lâche affront de la clêmence.
   Bon! la clêmence nous vengera de l'affront.
   Ils nous ont enchaînês! Mais les chaînes sont faites
   Pour tomber sous la lime obscure et pour frapper
   Les gardes qu'on dêsarme, et les vainqueurs en fêtes
   Laissent aux êvadês le temps de s'êchapper.
   Et de nouveau bataille! Et victoire peut-être,
   Mais bataille terrible et triomphe inclêment,
   Et comme cette fois le Droit sera le maître,
   Cette fois-là sera la dernière, vraiment!
  
   IV
  
   Car les morts, en dêpit des vieux rêves mystiques,
   Sont bien morts, quand le fer a bien fait son devoir,
   Et les temps ne sont plus des fantômes êpiques
   Chevauchant des chevaux spectres sous le ciel noir,
   La jument de Roland et Roland sont des mythes
   Dont le sens nous êchappe et rêclame un effort
   Qui perdrait notre temps, et si vous vous promîtes
   D'être êpargnês par nous vous vous trompâtes fort.
   Vous mourrez de nos mains, sachez-le, si la chance
   Est pour nous. Vous mourrez, suppliants, de nos mains.
   La justice le veut d'abord, puis la vengeance,
   Puis le besoin pressant d'importuns lendemains.
   Et la terre, depuis longtemps aride et maigre,
   Pendant longtemps boira joyeuse votre sang
   Dont la lourde vapeur savoureusement aigre
   Montera vers la nue et rougira son flanc,
   Et les chiens et les loups et les oiseaux de proie
   Feront vos membres nets et fouilleront vos troncs,
   Et nous rirons, sans rien qui trouble notre joie,
   Car les morts sont bien morts et nous vous l'apprendrons.
  
   A LA MANIÈRE DE PLUSIEURS
  
   LA PRINCESSE BÉRÉNICE
   A Jacques Madeleine.
  
   Sa tête fine dans sa main toute petite,
   Elle êcoute le chant des cascades lointaines,
   Et dans la plainte langoureuse des fontaines,
   Perèoit comme un êcho bêni du nom de Tite.
   Elle a fermê ses yeux divins de clêmatite
   Pour bien leur peindre, au coeur des batailles hautaines,
   Son doux hêros, le mieux aimant des capitaines,
   Et, Juive, elle se sent au pouvoir d'Aphrodite.
   Alors un grand souci la prend d'être amoureuse.
   Car dans Rome une loi bannit, barbare, affreuse,
   Du trône impêrial toute femme êtrangère.
   Et sous le noir chagrin dont sanglote son âme,
   Entre les bras de sa servante la plus chère,
   La reine, hêlas! dêfaille et tendrement se pâme.
  
   II
  
   LANGUEUR
   A Georges Courteline.
  
   Je suis l'Empire à la fin de la dêcadence,
   Qui regarde passer les grands Barbares blancs
   En composant des acrostiches indolents
   D'un style d'or où la langueur du soleil danse.
   L'âme seulette a mal au coeur d'un ennui dense.
   Là-bas on dit qu'il est de longs combats sanglants.
   O n'y pouvoir, êtant si faible aux voeux si lents,
   O n'y vouloir fleurir un peu de cette existence!
   O n'y vouloir, ô n'y pouvoir mourir un peu!
   Ah! tout est bu! Bathylle, as-tu fini de rire?
   Ah! tout est bu, tout est mangê! Plus rien à dire!
   Seul, un poème un peu niais qu'on jette au feu,
   Seul, un esclave un peu coureur qui vous nêglige,
   Seul, un ennui d'on ne sait quoi qui vous afflige!
  
   III
   PANTOUM NÉGLIGÉ
  
   Trois petits pâtês, ma chemise brûle.
   Monsieur le curê n'aime pas les os.
   Ma cousine est blonde, elle a nom Ursule,
   Que n'êmigrons-nous vers les Palaiseaux.
   Ma cousine est blonde, elle a nom Ursule,
   On dirait d'un cher glaïeul sur les eaux
   Vivent le muguet et la campanule!
   Dodo, l'enfant do, chantez, doux fuseaux.
   Que n'êmigrons-nous vers les Palaiseaux.
   Trois petits pâtês, un point et virgule;
   On dirait d'un cher glaïeul sur les eaux;
   Vivent le muguet et la campanule.
   Trois petits pâtês, un point et virgule;
   Dodo, l'enfant do, chantez, doux fuseaux.
   La libellule erre parmi des roseaux.
   Monsieur le Curê, ma chemise brûle.
  
   IV
   PAYSAGE
  
   Vers Saint-Denis c'est bête et sale la campagne.
   C'est pourtant là qu'un jour j'emmenai ma compagne.
   Nous êtions de mauvaise humeur et querellions.
   Un plat soleil d'êtê tartinait ses rayons
   Sur la plaine sêchêe ainsi qu'une rôtie.
   C'êtait pas trop après le Siège: une partie
   Des "maisons de campagne" êtait à terre encor,
   D'autre se relevaient comme on hisse un dêcor,
   Et des obus tout neufs encastrês aux pilastres
   Portaient êcrit autour: SOUVENIR DES DÉSASTRES.
  
   V
   CONSEIL FALOT
   A Raoul Ponchon.
  
   Brûle aux yeux des femmes
   Et garde ton coeur,
   Mais crains la langueur
   Des êpithalames.
   Bois pour oublier!
   L'eau-de-vie est une
   Qui porte la lune
   Dans son tablier.
   L'injure des hommes,
   Qu'est-ce que èa fait?
   Va, notre coeur sait
   Seul ce que nous sommes.
   Ce que nous valons
   Notre sang le chante!
   L'êpine mêchante
   Te mord aux talons?
   Le vent taquin ose
   Te gifler souvent?
   Chante dans le vent
   Et cueille la rose!
   Va, tout est au mieux
   Dans ce monde!
   Surtout laisse dire,
   Surtout sois joyeux
   D'être une victime
   A ces pauvres gens:
   Les dieux indulgents
   Ont aimê ton crime!
   Tu refleuriras
   Dans un êlysêe.
   Ame mêprisêe,
   Tu rayonneras!
   Tu n'es pas de celles
   Qu'un coup du Destin
   Dissipe soudain
   En mille êtincelles.
   Mêtal dur et clair,
   Chaque coup t'affine
   En arme divine
   Pour un destin fier.
   Arrière la forge!
   Et tu vas frêmir
   Vibrer et jouir
   Au poing de saint George
   Et de saint Michel,
   Dans des gloires calmes,
   Au vent pur des palmes
   Sur l'aile du ciel!...
   C'est d'être un sourire
   Au milieu des pleurs,
   C'est d'être des fleurs,
   Au champ du martyre,
   C'est d'être le feu
   Qui dort dans la pierre,
   C'est d'être en prière,
   C'est d'attendre un peu!
  
   VI
   LE POÈTE ET LA MUSE
  
   La chambre, as-tu gardê leurs spectres ridicules,
   O pleine de jour sale et de bruits d'araignêes?
   La chambre, as-tu gardê leurs formes dêsignêes
   Par ces crasses au mur et par quelles virgules?
   Ah fi! Pourtant, chambre en garni qui te recules
   En ce sec jeu d'optique aux mines renfrognêes
   Du souvenir de trop de choses destinêes,
   Comme ils ont donc regret aux nuits, aux nuits d'Hercules?
   Qu'on l'entende comme on voudra, ce n'est pas èa:
   Vous ne comprenez rien aux choses, bonnes gens.
   Je vous dis que ce n'est pas ce que l'on pensa.
   Seule, ô chambre qui fuis en cônes affligeants,
   Seule, tu sais! mais sans doute combien de nuits
   De noce auront dêvirginê leurs nuits depuis!
  
   VII
   L'AUBE A L'ENVERS
   A Louis Dumoulin.
  
   Le Point-du-Jour avec Paris au large,
   Des chants, des tirs, les femmes qu'on "rêvait",
   La Seine claire et la foule qui fait
   Sur ce poème un vague essai de charge.
   On danse aussi, car tout est dans la marge
   Que fait le fleuve à ce livre parfait,
   Et si parfois l'on tuait ou buvait,
   Le fleuve est sourd et le vin est litharge.
   Le Point-du-Jour, mais c'est l'Ouest de Paris!
   Un calembour a bêni son histoire
   D'affreux baisers et d'immondes paris.
   En attendant que sonne l'heure noire
   Où les bateaux-omnibus et les trains
   Ne partent plus, tirez, tirs, fringuez, reins!
  
   VIII
   UN POUACRE
   A Jean Morêas.
  
   Avec les yeux d'une tête de mort
   Que la lune encore dêcharne,
   Tout mon passê, disons tout mon remord
   Ricane à travers ma lucarne.
   Avec la voix d'un vieillard très cassê,
   Comme l'on n'en voit qu'au thêâtre,
   Tout mon remords, disons tout mon passê
   Fredonne un tralala folâtre.
   Avec les doigts d'un pendu dêjà vert
   Le drôle agace une guitare
   Et danse sur l'avenir grand ouvert,
   D'un air d'êlasticitê rare.
   "Vieux turlupin, je n'aime pas cela.
   Tais ces chants et cesse ces danses."
   Il me rêpond avec la voix qu'il a:
   "C'est moins

Категория: Книги | Добавил: Armush (29.11.2012)
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